12/06/2005

Chapitre II - B

Immédiatement, il reconnu l’écriture de Marthe. De toute façon, elle était la seule à écrire avec une encre de cette couleur dont la simple vue en faisait une sorte de cachet de cire des temps modernes. « Marc » était-il écrit simplement sur le paquet. Et une date. C’était celle d’il y a quelques jours... Marc comprit à cet instant que ce paquet devait recéler quelque secret dont il lui faudrait faire bon usage dans un avenir proche. Car si la Tribu était soudée, des dissensions étaient néanmoins apparues depuis deux ou trois ans. Et puis cette affaire allemande, l’année dernière n’avait rien arrangé. Bien sur, on ne pouvait pas encore parler de clan même si certains n’hésitaient plus à afficher leur différence. Mais ce paquet, à son nom de surcroit, n’était pas là par hasard…

Marc posa le paquet sur le lit, puis continua sa tâche. Dans le tiroir secret, il y avait encore un manuscrit. Il le feuilleta rapidement. Chaque page commençait un nouveau chapitre, daté. Les premières pages commençaient dans les années 70. Le 18 octobre 1971 pour être précis. Calculateur prodige, Marc su instantanément que ce fut un jeudi. Le premier chapitre débutait par un titre dont le sens n’était pas clair : « Notes concernant les réunions avec ELB, JC et HC en septembre 1971 ». S’en suivait un ensemble d’items où l’on pouvaient trouver à la fois des lieux « les réunions se tinrent au deuxième temple », des notations, des chiffres qui pouvaient autant faire penser à des numéros de compte suisses qu’à des longitudes… Quelques dessins dont le sens n’était pas immédiat non plus garnissaient les marges droites de presque toutes les pages. Des remarques sur l’état d’esprit des gens en présence apparaissaient aussi de temps à autre. La notation de l’item était alors différente. Les derniers chapitres étaient datés de l’année dernière. Toujours le même style, les mêmes chiffres, les mêmes annotations…Qu’est-ce que tout cela signifiait ?

Marc regarda sa montre. « Mon dieu ! » s’exclama-t-il. Déjà midi quinze ! La cérémonie au caveau familial devait probablement être en train de s’achever et même si la famille avait fait la demande d’une inhumation dans la plus stricte intimité, toute la famille se devait d’accueillir les personnes dans la salle des fêtes de la ville pour ce verre d’après enterrement qu’il est courant de voir dans le Nord. Une façon comme une autre de recevoir les condoléances en une seule fois, des fleurs - qui seront offertes à la mairie – et de remercier, parfois de façon hypocrite, ceux qui auront commencé par l’être, en venant ici témoigner d’une fausse compassion.

Marc rangeât tous les documents, les photos, le paquet à son nom ainsi que le gros cahier dans le cartable qui se trouvait juste à coté du meuble au tiroir secret. Se relevant, il se regarda dans la glace en pied qui trônait dans le fond de la chambre. Il réajusta son costume sombre, puis dévala les deux étages d’un pas pressé, le cartable à la main.

Marthe n’était finalement pas encore définitivement partie, tout au moins pour lui : Elle avait visiblement des choses à dire ou à révéler. De toute façon, la prochaine échéance importante n’était que dans 3 semaines, chez le notaire. D’ici là, et si besoin, il aura eu le temps de prendre connaissance du reste, car ce cahier, pour le moins, était une énigme à cet instant.

En sortant, il croisa de nouveau Gelda. Il marqua un temps d’arrêt.
- Gelda, je souhaite vous voir, ce soir. Pourriez vous être disponible quelques minutes ?
- Oh oui Monsieur, vous savez bien…
Marc savait bien évidemment.
- Gelda, je vous vois donc ce soir, et vous, vous ne m’avez pas vu ce midi. Pourriez vous me préparer la chambre bleue ?
Gelda acquiesça. Il savait qu’il pouvait compter sur cette femme. Il la regarda, posa une main sur son épaule, puis, la voyant si peinée, il détourna le regard pour ne pas montrer que lui aussi se sentait faiblir. Sans la regarder de nouveau, il fit une légère pression affectueuse de ses doigts sur son épaule et parti rejoindre la famille et le cortège de beau linge dans la salle des fêtes qui se trouvait à moins d’une minute à pied.

Il faisait bien, car déjà, la tête du cortège arrivait à l’entrée.

1 Commentaires :

At 9:50 PM, Blogger Audrey H. a dit...

Ben, Vincent, et ton roman? T'as le temps d'écrire avec - hum - une consoeur, mais il faudrait penser au tien aussi, non?

 

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